Soirée d’échanges sur la question de la fin de vie

Soirée d’échanges sur la question de la fin de vie
Vendredi 13 janvier 2023
Église Saint Vital, La Madeleine
À l’initiative du doyenné des Rives de la Deule

Contexte :
Convention citoyenne sur la fin de vie
Le cadre législatif sur la fin de vie est-il adapté ?

Objectif : se donner des repères philosophiques, anthropologiques, théologiques.

Intervenant :
Paulo Rodrigues, enseignant chercheur, doyen de la faculté de théologie de l’université Catholique de Lille
Ethicien, théologien

(il aurait pu y avoir l’intervention de praticiens, mais tel n’a pas été le choix ici)

Sujet lourd.
La médecine à de plus en plus de moyens pour maintenir la vie.
Angoisse, souffrance => des personnes demandent d’en finir.
“On meurt mal en France”, dit le rapport Sicart il y a 20 ans
Loi Leonetti (2016) : un patient en fin de vie peut demander une sédation profonde jusqu’au décès.
2018 : états généraux de bioethique, mais la question de la fin de vie n’a pas été traitée,  la sédation ne répond pas complètement à cette question de fin de vie.
La demande de l’euthanasie vient de la société, elle pose un problème grave à la société ; d’autres pays sont plus avancés que la France => les gens vont dans d’autres pays.
Nous, les éthiciens, nous savons que l’euthanasie va arriver en France.
En Belgique, c’est pour les cas extrêmes, mais on voit déjà que les cas s’élargissent (cf dépression profonde et longue).

Angle d’attaque de l’intervenant :
Pas une volonté d’être pour ou contre l’euthanasie mais plutôt voir comment affronter ou soulager la souffrance.

Éthique de la fin de vie

Distinction : douleur (physique) / souffrance (émotionnelle, psychique, existentielle, spirituelle, sociale)

Besoin d’un temps de discernement pour soulager l’état du patient.
Si qqun dit qu’il veut mourir, c’est pour exprimer une souffrance.

L’axe du “soi-autrui”
Le souffrant dit : “tu ne peux pas comprendre ce que je vis”.

L’axe du “agir-pâtir”
Le patient est dessaisi de toute initiative, il est destitué de sa vie, il est impuissant.
Cela ajoute une grande souffrance au patient.
A l’hôpital, souvent, pas le temps d’accompagner le patient, il devient un numéro de dossier.

“J’existais désormais entre celui que je suis resté et celui que je suis devenu”

Demande d’euthanasie = cri de détresse, de désespoir
Et le médecin doit demander alors : “qu’est ce qui ne va pas ? (tous les aspects de la personne)
Il faut chercher à comprendre d’où vient cette demande ?
En Belgique, il faut au moins 1 mois entre la demande et l’euthanasie elle même.

Le fait de parler de l’euthanasie incite des familles, des patient à en faire la demande.

” Si un patient demande à être tué, c’est que qqun ou qqchose lui a manqué”, Cecily Sunders
Demande d’euthanasie = expression d’un manque
Sommes-nous donc responsables des demandes d’euthanasie ?
Nous n’aurions pas été assez présents ?
Le patient a-t-il qqun pour exprimer ses peurs, ses angoisses ? Quid de l’écoute et de l’accompagnement ?
Il y a parfois des aidants qui n’en peuvent plus, fatigue de la compassion, et donc ils demandent à “faire quelque chose”, à abréger la vie.

Histoire de la mort (Philippe Ariès)
* époque médiévale : il faut que la mort arrive
* au XIIème siècle, être en bonne disposition au moment de la mort, il faut se préparer
* XIV-XVème : art macabre, la mort est la figure qui emporte toute personne
* XVI-XVIIIème : en nous tous, il y a une pulsion de mort ; la mort est sensuelle ; le baiser de la mort
* XVIIIème : mort de l’être aimé
* XIXeme : mort avec caractère dramatique, on cache la mort ; la mort c’est ce qui vient gâcher la vie. La mort est reléguée à l’hôpital ; médicalisation excessive ; cacher la vérité au patient, c’est l’empêcher de parler ; besoin de la vérité qui apaise, qui libère ; on a besoin de dire au revoir
Il faut sortir de la comédie :  “il ne va pas mourir” ; celui qui ne lâche pas prise ne peut pas mourir ; mourir est un acte d’abandon, de confiance
* XXIeme s : la mort maîtrisée – directives anticipées, sédation profonde, arrêt des traitement, euthanasie, suicide médicalement assisté

* avant, événement social
* auj, cacher la mort
Bernard vegely, “nous ne sommes pas qu’un paquet d’atomes”
Naître, vivre et mourir sont des événements, ça ne va pas de soi, ce n’est pas banal.

Il faut réfléchir la mort, il ne faut pas vivre comme si on ne va pas mourir

Mourir c’est s’abandonner, faire confiance.

La demande d’euthanasie, d’où vient-elle ?
Principe : autonomie du patient.
Le patient devient roi, je peux disposer de ma vie, de mon existence comme je veux.
Mais ce qu’on oublie, c’est que nous sommes liés aux autres ; l’autonomie n’est pas absolue, et donc la demande d’euthanasie a une répercussion sur l’entourage, sur la société.

Choisir sa mort ?

Evangelii Vitae, Jean-Paul II (1995), n°64 : “décider de sa vie dans une pleine et totale autonomie”, ce serait couper notre conception comme créature (je ne suis pas mon propre créateur)

Accompagner le temps du mourir

Definition de l’euthanasie dans Evangelii Vitae ; c’est un acte qui a intention de donner la mort rapidement
“Pour porter un jugement moral correct sur l’euthanasie, il faut avant tout la définir clairement. Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur.

À l’hôpital, il y a bcp de zones grises entre sédation profonde et euthanasie.

La ligne de conduite à adopter : respect de la dignité de l’être humain.

Le respect de la dignité de la personne mourante : considérations éthiques sur l’euthanasie (CPV, 2000)
“La ligne de conduite à adopter à l’égard du grand malade et du mourant devra donc s’inspirer du respect de la vie et de la dignité de la personne”
Les soins qu’une population prodigue à ses patients mourants dans le cadre des ressources disponibles sont une indication essentielle de son niveau de civilisation (AMM, 2011)

Le devoir de mourir aux USA : quand une personne devient une charge pour la famille, elle doit être euthanasiée.

L’euthanasie ne va pas empêcher la confrontation à l’agonie et l’énigme du sens et du non-sens de l’existence humaine.

Réponse à l’euthanasie : savoir que l’on est aimé.

Temps d’échange

Compassion, être là avec toi
Faire le deuil de sa toute puissance
Je ne peux pas faire tout le bien que je voudrais faire

Le but de la médecine devrait de nous faire bien vivre et non pas de nous maintenir en vie

Différence suicide assisté et euthanasie
– Suicide assisté : c’est le patient qui pose le geste
– Euthanasie : c’est le soignant qui pose le geste    –  de quel droit je fais peser ma mort sur qqun ?

Mort accidentelle
Ac-cidente : ce qui me tombe dessus
Si je pouvais mourir conscient, j’aimerais bien

Le coma est un état inconnu ; on ne sait pas si la personne a mal

Des outils pour parler de la mort ?
En parler avec les événements de la vie
Ne pas cacher la mort aux enfants
On ne sait plus accompagner la mort, car on l’a éliminée de notre vie
La mort n’est pas un mal
Jésus ne nous a pas libéré de la mort biologique mais il nous a libéré de la séparation d’ avec Dieu.

Conception de la personne humaine
Plus qu’un paquet d’atomes
Le corps humain est magnifique
Le corps est une unité : physique, mental, esprit

Éthique de l’incertitude

Agis de telle manière que tu deviennes de plus en plus humain

En Jésus il y a la révélation de qui est Dieu et qui est l’homme